Le temps est à l'orage ! Colère de Dieu ou manifestation du diable, l'orage fascinait autant qu'il terrorisait nos ancêtres.
Découvrez les légendes et superstitions qui y sont liées !
L'orage, cet inconnu…
Les orages font peur. Ils faisaient encore plus peur autrefois quand on ne connaissait
ni les phénomènes électriques ni les paratonnerres ni l'origine
des éclairs et de la foudre si dangereuse. "Le Diable bat sa femme",
disait-on dans les campagnes du Centre pour expliquer le bruit du tonnerre.
En Lorraine, on racontait que Dieu était en colère, qu'il jouait
aux quilles, ou bien qu'il rinçait ses tonneaux de vin, tout un charivari
céleste qui ne pouvait bien sûr que déclencher un vacarme
assourdissant ! Et bien sûr, pas d'autres protections connues que la prière,
l'invocation de certains saints ou l'utilisation, ignorée aujourd'hui,
des pierres de foudre ou des carillons de tonnerre.
Les pierres de foudre ou pierres de tonnerre
On a cru jusqu'au XVIIIème siècle que la foudre se transformait
en pierre pour frapper le sol plus fort. Le savant Descartes écrivait
lui-même en 1637 dans Les Météores : " La foudre se peut
quelquefois convertir en une pierre fort dure, qui rompt et fracasse tout ce
qu'elle rencontre." On l'appelait "pierre de tonnerre" ou dans le Sud "pierre
de foudre". Cette royance était d'autant plus ancrée dans les
mentalités que chacun autrefois pouvait vous montrer de telles pierres,
ou vous dire qu'il en avait déjà vu une. La tradition populaire
assurait en effet que les haches polies néolithiques découvertes
fortuitement dans la nature, acérées et étrangement lisses,
étaient engendrées par la foudre et tombées du ciel lors
de violents orages.
Comme on était persuadé que la foudre ne tombait pas deux fois
au même endroit, ces pierres étaient précieusement ramassées
et placées sous le seuil de la porte ou dans un mur pour protéger
la maison du feu céleste. Par analogie, c'était saint Pierre que
l'on priait en cas d'orage : "Pierre, Pierre ! Garde-moi du tonnerre !" Cette
invocation a eu cours longtemps
jusqu'à la Révolution. Il faudra attendre le XIXème siècle
pour découvrir la notion de préhistoire et pour que disparaisse
les superstitions liées aux pierres de tonnerre…
La protection de sainte Agathe
En Languedoc, on considérait autrefois que sainte Agathe pouvait aussi
assurer une protection de la région contre les orages. Le pouvoir de
lancer la foudre et la grêle avait même fini par lui être
attribué et on regardait davantage la sainte comme une sorcière
que comme une bonne chrétienne !
Toujours est-il que, pour éviter les orages de l'été à
venir, le village se réunissait dans l'église le jour de sa fête,
le 5 février ; on y sonnait les cloches à toute volée et
sans interruption pendant toute la vigile, un rite qu'on estimait protecteur.
L'évêque du lieu mit fin à ces superstitions en 1664, parce
qu'il y voyait une superstition sans fondement mais aussi parce que ces réunions
se traduisait souvent par des banquets donnés dans les églises
et des beuveries devant les autels. Le rite était cependant encore vivant
en 1885 au Falga.
Le carillon de tonnerre
On disait autrefois que le son des cloches sonnant à toute volée
pouvait éloigner les orages ou du moins les détourner du village.
Une tradition populaire qui peut avoir un fonds de vérité, les
vibrations du son pouvant agir sur les nuées. Lorsque des nuages sombres
s'approchaient d'un village, commençait alors ce que l'on appelait le
"carillon de tonnerre". Les paroissiens se joignaient parfois au concert du
carillonneur en sortant dans les rues avec leurs bassines et marmites et en
les frappant violemment avec des objets en métal. Un beau tintamarre
terrestre pour éloigner celui du ciel !
Si l'utilité n'est pas absolument démontrée, son danger
l'est : au XVIIIème siècle dans le Sud-Ouest de la France, une
dizaine de carillonneurs par an se faisaient griller par la foudre dans leur
clocher… Le "carillon de tonnerre" sonné avec les cloches des églises
fut interdit à la fin de l'Ancien Régime par les autorités
civiles et ecclésiastiques mais la pratique en continua longtemps. Dans
le Gers, une enquête officielle menée en 1840 sur 500 paroisses
révéla que 486 le pratiquaient toujours. En 1956, 143 paroisses
de ce même département continuaient encore à sonner les
cloches chaque fois que des orages menaçaient. Cette coutume est aujourd'hui
disparue.
Les
orages
Qu'est-ce qu'un orage ?
Un orage est un phénomène atmosphérique caractérisé
par une série d'éclairs et de coups de tonnerre. Un éclair
peut se déclencher à l'intérieur du nuage, entre deux nuages,
ou entre le nuage et le sol (c'est le coup de foudre).
L'orage est toujours lié à la présence d'un nuage de type
cumulonimbus, dit aussi nuage d'orage. Il est souvent accompagné par
un ensemble de phénomènes violents : rafales de vent, précipitations
intenses – parfois de grêle –, et quelquefois vents rabattants,
ou bien trombe ou tornade.
L'orage est généralement un phénomène de courte
durée : de quelques dizaines de minutes à quelques heures. Il
peut être isolé (orage dû à la présence de
reliefs ou causé par le réchauffement du sol en été)
ou organisé en ligne (dite « ligne de grains » par les météorologistes).
Par certaines conditions, des orages peuvent se régénérer
sans cesse au même endroit ou bien s'y succéder à leur maximum
de maturité. Ils provoquent ainsi durant plusieurs heures de fortes précipitations
qui conduisent à des inondations catastrophiques.
Le nuage d'orage : le puissant cumulonimbus
Le cumulonimbus est le nuage caractéristique des phénomènes
orageux. Il est également responsable de toutes les chutes de grêle.
Ce nuage géant et menaçant, large de 5 à 10 km, peut s'élever
jusqu'à 15 km d'altitude sous nos latitudes. À son sommet, le
cumulonimbus se heurte à la stratosphère et s'étale largement,
ce qui lui donne sa forme générale d'enclume (ou, parfois, de
panache ou de chevelure ébouriffée).
Les différents types de nuages (copyright Météo-France)
Comment se forme un cumulonimbus ?
L'air chauffé par le rayonnement du soleil sur la surface terrestre se
dilate et devient plus léger que l'air situé au-dessus de lui.
Il s'élève alors, comme le ferait une montgolfière. Si
cet air est suffisamment humide, la vapeur d'eau qu'il contient se condense
pour former des gouttelettes d'eau : un nuage de type cumulus apparaît.
Dans une atmosphère instable, les mouvements verticaux de l'air sont
intenses et vont favoriser par cette condensation le grossissement du nuage,
qui se développe et monte en altitude. Les gouttelettes les plus élevées
se transforment alors en cristaux de glace : le cumulus devient un cumulonimbus.
Que se passe-t-il dans un cumulonimbus ?
Le cumulonimbus est une véritable usine thermodynamique, qui se nourrit
d'air chaud et humide pour fournir l'énergie nécessaire aux mouvements
ascendants. Son énergie est considérable : chaque seconde, un
gros cumulonimbus peut aspirer 700 000 tonnes d'air et absorber ainsi 8 800
tonnes de vapeur d'eau. Le même nuage peut renvoyer à la surface
terrestre 4 000 tonnes d'eau, sous forme d'eau liquide, de neige ou de grêle.
Les orages agissent globalement comme des générateurs électriques,
créant un courant dirigé du sol vers le nuage. En effet, les mouvements
verticaux de l'air dans le cumulonimbus sont très violents : brassées
par des vents pouvant dépasser 130 km/h, les particules d'eau et de glace
du nuage s'entrechoquent. Ces nombreuses collisions provoquent l'électrisation
du nuage, où des particules de signes opposés se regroupent à
différents étages depuis la surface (chargée négativement)
jusqu'au sommet (chargé positivement). Des microdécharges se propagent
alors et finissent par établir une liaison électrique entre le
nuage et le sol.
Que sont la foudre, l'éclair et le tonnerre ?
La foudre est une décharge électrique. L'éclair est le
résultat visible de l'échauffement de l'air, tandis que le tonnerre
est le bruit émis par la vibration de l'air le long de cette décharge
électrique lors de sa propagation. En quelques millièmes de seconde,
l'air atteint une température de 30 000 °C et subit de très
fortes compressions suivies de dilatations tout aussi violentes. Ces mouvements
brusques et successifs produisent des ondes sonores qui produisent les claquements,
grondements et roulements du tonnerre.
Comment détecte-t-on les impacts de foudre ?
La société Météorage (http://www.meteorage.fr/),
filiale de Météo-France, détecte depuis 1987 les impacts
de foudre sur le sol français grâce à un réseau de
18 capteurs qui les repèrent et les localisent. Des accords avec les
réseaux des pays voisins (Italie, Espagne et Benelux) permettent également
d'exploiter les mesures de 12 capteurs limitrophes. Grâce à des
cartes de points d'impact, l'activité orageuse peut être suivie
en temps réel sur Minitel ou Internet. Météorage fournit
également des alertes foudre ou évalue le risque de foudroiement
pour un site donné.
Où et quand se produisent les orages en France ?
Dans la plupart des régions, les orages se produisent le plus souvent
durant les mois de juin, juillet et août. Le Sud-est de la France fait
toutefois exception : les orages sont souvent plus nombreux en septembre, voire
en octobre et novembre pour la Corse.
Sur l'ensemble de l'année, les orages sont plus fréquents en Corse
et sur le sud de l'Aquitaine. On y dénombre en moyenne plus de trente
jours d'orage par an. Sur le nord de l'Aquitaine, Midi-Pyrénées,
le Limousin, l'Auvergne, les reliefs de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur,
Rhône-Alpes, le sud de la Bourgogne, la Franche-Comté, l'Alsace
et la Lorraine, les orages sont relativement nombreux. Sur le reste du pays,
ils sont moins fréquents, même assez rares sur la Bretagne.
Pour la période estivale (juin-juillet-août), la répartition est un peu différente. En été, les orages ne sont guère plus fréquents en Corse que sur la région parisienne. C'est surtout sur un axe Sud-ouest/Nord-est et sur les régions alpines que se produisent le plus fréquemment les orages estivaux. On dénombre généralement chaque été sur ces régions quinze à vingt journées orageuses. Comme pour l'ensemble de l'année, c'est en Bretagne qu'ils sont les plus rares en été, avec en moyenne moins de cinq journées avec orage.
Combien d'impacts de foudre en France chaque année ?
La France reçoit en moyenne un million de coups de foudre par an.
Le record journalier du nombre d'impacts de foudre sur notre pays date du 6
août 1999 : Météorage a enregistré ce jour-là
75 901 impacts de foudre. Au deuxième rang, le 17 août 2004 totalise
56 317 impacts, et au troisième rang, le 28 juillet 1994, 44 142 impacts
de foudre.
À chaque instant, 1 000 à 2 000 orages sont actifs autour de la
planète. Ils produisent une centaine d'éclairs environ par seconde,
soit 8 millions par jour.
En France, la foudre provoque le décès de 15 à 40 personnes
par an.
Les dangers liés aux orages
Un orage peut toujours être dangereux en un point donné, en raison
de la puissance des phénomènes qu'il produit et de leur caractère
aléatoire.
La foudre est le nom donné à un éclair lorsqu'il touche
le sol (ou un aéronef). Cette décharge électrique intense
peut tuer un homme ou un animal, calciner un arbre ou causer des incendies.
Les pluies intenses qui accompagnent les orages peuvent causer des crues-éclairs
dévastatrices. Un cumulonimbus de 1 km de large sur 10 km de hauteur
contient 1 million de litres d'eau. Un orage déverse fréquemment
plus de 50 à 100 litres d'eau par mètre carré en quelques
heures. En septembre 1992, 400 à 500 litres d'eau étaient tombés
sur Vaison-la-Romaine.
La grêle est un type de précipitation formé de petits morceaux de glace, qui peut par exemple dévaster en quelques minutes un vignoble ou un verger.
Le vent sous un cumulonimbus souffle par rafales violentes jusqu'à environ
140 km/h et change fréquemment de direction. Plus rarement se crée
sous la base du nuage un tourbillon de vent très dévastateur,
la tornade.
Les pilotes, même de gros avions, évitent de traverser des cumulonimbus
: ils pourraient être soulevés de plusieurs centaines de mètres,
puis brutalement rabattus dans ce qu'on appelle communément des "trous
d'air".
Comment se protéger de la foudre ?
En montagne
Éviter les arêtes et les sommets.
Si l'on est surpris sur un sommet, descendre le plus bas et le plus rapidement
possible.
S'éloigner de tout objet métallique (piolets, crampons, mousquetons,
pitons, bâtons télescopiques, pylônes, etc.).
En tous lieux
Ne pas stationner sous un arbre isolé, ni sous un surplomb.
Éviter de manipuler tout conducteur d'électricité (eau
qui ruisselle…).
S'asseoir par terre, car la foudre est attirée par tout ce qui dépasse
(un arbre, un pic, ou un homme debout). Ne pas s'allonger ni s'appuyer contre
une paroi.
S'isoler au maximum du sol au moyen de tout matériau isolant : rouleau
de corde, sac de couchage, ou sac à dos dont l'armature est posée
sur le sol.
Les signes annonciateurs de l'orage
L'orage s'annonce par divers phénomènes :
- Le ciel s'assombrit rapidement, et dans les orages les plus violents il peut
devenir d'un noir d'encre. Plus le ciel est sombre, plus le nuage est épais.
- Le vent se renforce et tourne à la bourrasque. Ces rafales précèdent
souvent de fortes pluies.- Votre poste de radio grésille et révèle
ainsi une forte activité électrique, due à la foudre à
proximité.
- En montagne, vous pouvez observer des effluves lumineux à l'extrémité
des objets pointus (feux Saint-Elme) ou entendre des bourdonnements diffus.
Ces signes indiquent l'imminence d'un coup de foudre.
Source Météo
France
Comment estime-t-on le risque de grêle
avec les orages ?
Quelles sont les méthodes et les outils que les prévisionnistes
utilisent pour estimer le risque de grêle lié aux orages ? Différentes
méthodes sont utilisées en fonction de l'échéance
prévue du phénomène orageux.
Avant que les orages se forment, à
une échéance de 24 à 48 heures
Avant que les orages se forment, il n'est pas possible de les observer avec
nos radars météorologiques afin de mesurer le risque grêligène.
Il devient dès lors nécessaire d'estimer au mieux si les ingrédients
atmosphériques présents dans la masse d'air pré-orageuse
peuvent favoriser le développement de grêlons de taille significative,
et si ces derniers présentent un risque accru d'atteindre le sol sans
fondre lors de leur chute.
Afin d'estimer ce risque, les météorologues recherchent la présence
des ingrédients suivants en analysant les cartes des modèles numériques.
Une forte instabilité dans la masse d'air : les orages ont besoin d'instabilité
pour se développer. Plus l'instabilité est forte (c'est-à-dire
la différence de température entre la masse d'air à l'intérieure
de la cheminée d'ascendance et l'air environnant), plus les accélerations
des courants ascendants seront puissants. Or, plus les courants ascendants sont
puissants, plus ils seront susceptibles de soutenir et garder en l'air des grêlons
de taille significative.
Des vents horizontaux conséquent en altitude : souvent connus sous le
nom de courant jets, ces vents aident à ventiler les sommets orageux,
accentuent le soulèvement de la masse d'air et permettent de séparer
les cheminées ascendantes et descendantes des orages. Tout cela permet
de renforcer la puissance des courants ascendants et ainsi, la taille des grêlons.
Une couche d'air plus sèche dans les strates moyennes de l'atmosphère
: la présence d'une telle couche permet d'évaporer les bordures
des orages lorsque ces derniers prennent de l'ampleur. Qui dit évaporation
dit également refroidissement, par la consommation de la chaleur latente
nécessaire à ce changement de phase. Ce refroidissement entretient
un isotherme 0°C relativement bas et permet aux grêlons de fondre
moins vite en chutant vers le sol. Ce phénomène peut être
encore accentué si la couche d'air présente sous l'orage est relativement
sèche également. Les environnements favorisant de tels orages
contiennent typiquement des quantités de vapeur d'eau ou "d'eau
précipitable" limitées par rapport à la moyenne.
De plus, le long de la trajectoire d'un même orage, un lieu situé
à une altitude plus élevé aura une probabilité plus
grande de subir de la grêle qu'un lieu situé à plus basse
altitude, pour autant que l'orage garde la même intensité le long
de sa trajectoire (ce qui n'est pas acquis d'avance).
Donc, pour résumer, les risques de grêle les plus importants existent
dans des orages susceptibles de se déclencher dans des environnements
pré-orageux très instables, cisaillés (courants jets) et
pas trop humides. De plus, si vous vous trouvez sur la trajectoire d'un orage
et que votre localité se trouve en altitude, vous êtes théoriquement
plus exposé au risque de grêle.
Ce type d'environnement tend à favoriser des orages connus sous le nom
de "supercellules", et ces derniers sont connus comme étant
des producteurs prolifiques de grêle. Ces orages contiennent des circulations
tourbillonantes en leur sein, ce qui accélère encore davantage
leur courants ascendants. La taille de leurs grêlons peuvent ainsi atteindre
des diamètres supérieures à 5 cm, voir supérieure
à 10 cm dans les cas extrêmes.
Source météo Suisse